Résumé de la saison 2022, confiance, contrôle, réussite, performance, facilité et plaisir.

Mon objectif sur cette saison était de passer les deux cents kilomètres en triangle FAI dans les Vosges. Je m’en suis donné les moyens sans forcer. J’ai plus profité de l’expérience accumulée ces dernières années que dépenser de l’énergie dans la préparation. J’ai à peine travaillé sur les parcours et les zones aériennes, j’ai laissé de côté l’entraînement physique et la préparation mentale. J’ai surtout renouvelé mon matériel. Ma vieille Enzo 2 qui avait volé 5 saisons par une Enzo 3, ainsi que ma sellette Lightness par une Impress plus lourde mais bien plus confortable pour des vols de plus de 6 heures. Et pour bien les prendre en main, j’ai volé un maximum d’heures en début d’année.

En mai, je commence très fort en réalisant un vieux projet, voler plus de 300km au départ de Reihnardsmunster un site au Nord de Strasbourg. Je n’aurai eu qu’une grosse difficulté à gérer sur ce vol. Le premier tiers se passe bien, mais il fallait être attentif. Inhabituellement, plutôt que de dériver tout de suite en plaine, cette fois la meilleure solution était de rester légèrement sous le vent, sur les avants reliefs côté Ouest des Vosges. L’instabilité y était bien meilleure. Sur le deuxième tiers, après avoir passé Épinal et jusqu’à Dijon, la convection change de rythme et perd en homogénéité. Je gère bien les deux premières difficultés qui me font passer sous mon plafond moyen. On les repère bien sur l´image de la trace ci-dessous. Sur la troisième je me fais surprendre, fais une erreur de placement et rate le thermique. La sanction est immédiate, je me retrouve en point bas à 250m sol avec du vent fort et de fortes rafales au sol. Heureusement au dernier moment, je vois sur ma gauche deux buses qui enroulent. Bingo, j’accroche le thermique et je ne vais plus le lâcher, sur 17 km de dérive, de 250m sol jusqu’à 2400m au plafond à la verticale de Dijon. Le dernier tiers sera facile à gérer. Je pose à Charolles en fin de convection, à 340 km de mon point de départ. La récup se passe bien, je me fais rapatrier rapidement sur Mâcon, petit hébergement chez Alcide un pilote qui habite près de la gare et le lendemain matin je rentre chez moi en train.

Je retiens deux points importants sur ce vol. Au niveau de l’aérologie, je pensais que les deux jours pouvaient être bons mais plus particulièrement le samedi. Et le samedi a été misérable car le vent était trop Nord. Habillé comme un cosmonaute, avec mon nouveau matériel bien plus lourd, j’étais prêt pour voler plusieurs heures. Je n’ai fait que deux tas de cinq minutes et fini par un vol sur site vu que j’étais bien trop tard pour partir en plaine. Les remontées au décollage m’ont absolument lessivé mais j’ai gardé le peps d’un jeune pilote. J’ai eu un moment l’idée d’abandonner et de rentrer le soir même mais je n’ai pas craqué. J’ai accepté ce moment, gardé le sourire et je suis allé boire des bières avec les copains. J’ai dormi chez Daniel et Alex et le dimanche c’était le bon jour, je suis rentré en VOLANT! Le deuxième point important c’est la gestion de ce point bas en plaine avant Dijon. C’était vraiment « last chance », si je ne trouvais pas une solution pour remonter immédiatement j’allais poser prématurément. Pourtant jusque-là j’étais bien installé dans mon vol, mon attention était bonne, bien modulable, j’étais confiant, en contrôle, mais je me suis fait surprendre. Là j’ai donné le maximum pour trouver une solution et j’ai vu ces deux rapaces monter à une distance de 200m, à 10 heures de ma trajectoire. J’ai eu de la chance qu’ils soient là à ce moment mais c’est mon mental qui m’a donné le potentiel de m’en sortir, encore une fois au bon moment, j’ai pu moduler mon attention pour trouver la solution. Pour finir cette analyse de vol avec un petit clin d’œil, j’ai contredit la règle de « la performance du vol en groupe » en volant seul sur 340km pendant que trois autres top pilotes, Ben, Flavio et Franck sont restés groupés et n’en feront que trois cents. Voilà ça c’est fait, c’est le nouveau record de distance libre au départ des Vosges.

15 jours plus tard les conditions sont bonnes pour un gros triangle dans les Vosges. Normalement le mois de mai, trop tôt dans la saison, n’est pas le plus favorable pour battre un record. C’est le même genre de prévisions météorologiques que la journée du dernier record de 198km de 2018. L’instabilité est très bonne mais sur les crêtes il est prévu des surdéveloppements qui peuvent plonger le massif dans l’ombre, le vent est faible de tendance NE 8km/h. Ma stratégie est de décoller tôt et de rejoindre rapidement les avants reliefs de Saint-Dié pour échapper à l’ombre et contourner le massif par l’Ouest en restant au soleil tout au long du vol.

Je décolle du Drumont à 10:20, tôt comme prévu. Je fais un premier point vers l’Aerotec ce qui me permettra d’y poser pour boucler mon triangle en fin de journée. Je refais le plein au Drumont et pars en direction du N sur la crête du Ventron. Malheureusement la journée commence mollement et l’activité thermique est minime avec des plafonds bas à 1600m jusqu’à La Bresse. Je vais être obligé d’adapter mes régimes de vol au ralenti jusqu’à Gerbépal c’est là que je ferai mon premier plafond à 2000m et que je pourrai passer à la vitesse supérieure. J’arrive à 12:30 à Saint-Dié, l’aérologie se met en place et sera extrêmement généreuse sur cette partie du vol si bien que je serai souvent obligé de voler à côté des thermiques et des confluences pour ne pas dépasser les 1980m d’altitude du plancher de la TMA. Aucune difficulté pour aller et repartir de Raon sur Plaine, le point le plus au Nord du triangle. La branche vers Remiremont se fera directement par la plaine sans détours par le massif ce qui me permettra de rattraper le temps perdu du début de vol. Pas de chances sur le point à l’Ouest de Remiremont la convection en plaine ne me permet pas d’aller loin pour élargir au maximum le triangle, je ne prends pas de risque et fais demi-tour assez tôt. Aucune difficulté sur la dernière branche qui me ramène vers mon point de décollage grâce à une superbe confluence entre Remiremont et Le Ménil. Je suis de retour au plafond à 18:00 sur le Drumont. En analysant l’aérologie dans la vallée de Thann, je me rends compte que les nuages sont décalés en vallée et donc que le vent de NE a pris le dessus sur la crête du Treh au Grand-Ballon. La conséquence c’est que la masse d’air se stabilise et la convection diminue. Je cherche l’ascendance sur le côté NW du Treh, c’est là qu’est positionné le plus gros cumulus. Ensuite je transite vers les dernières barbules positionnées au-dessus de Geishouse d’où je ferai mon dernier plein à 2100m. De là je pars en plané final, je tourne la dernière balise (le Molkenrain) à 1600m et rentre à l’Aerotec pour boucler mon triangle.

Ce fût un enchaînement d’une centaine de bonnes prises de décisions en juste conscience, à gauche ou à droite, monter ou transiter, accélérer ou freiner. Jusqu’au soir quand je pars pour un plané final de 20 minutes, passe la dernière balise et rentre au but avec une marge d’un peu plus de 50m d’altitude. J’ai réalisé ce vol en m’adaptant à toutes les difficultés avec beaucoup de facilité et sans effort, c’était un vol parfait.

Voilà une saison pleine de réussite, j’établis trois nouveaux records au départ des Vosges, 340km en distance libre, 210km en triangle plat et 204km en triangle FAI. Par la confiance et le contrôle, en laissant place à mon intuition, je suis arrivé au sommet de la courbe de mes performances. J’ai été motivé comme un jeune avec l’impression de voler comme un vieux. J’ai réussi à prévoir en stratège et agir en primitif !

Un aperçu des conditions en vol :

Senones
Clairefontaine
Bruyéres
Ouest de Remiremont en allant faire le point en plaine
Retour de la plaine vers Remiremont
Saulxures
Le Ménil
Le Treh
Vers le Grand Ballon
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Vallée de Thann
Geishouse
Saint Amarin
Ranspach
Super Ben qui m’accueille avec une biére.

Un Dernier tuyau pour ceux qui veulent voler performant, je vous conseille le livre sur le mental de François Ducasse : Champion dans la tête. Ci-dessous une de ses conférences.

Voici la présentation sur les records en triangle dans les Vosges de la réunion CFD Vosges de fin 2022.