Soaring d’hiver entre les sommets de l’Eiger et la Jungfrau.
J’ai appris a voler en plaine, à Strasbourg, avec l’école Air Aile. Comme les bons sites à thermiques étaient plutôt éloignés, pendant ma progression, j’ai réalisé une gros volume de pratique en soaring sur de petites collines. L’idéal étant une belle pente bien dégagée et du vent laminaire assez fort sans thermique pour limiter les rafales et les turbulences. C’est un super entrainement pour bien maitriser son aile et être précis en pilotage. Les obstacles et le sol sont proches, la sensation de vitesse est amplifiée, les actions de pilotages sont directes. Il faut juste rester humble et y aller progressivement pour éviter une sanction trop brutale lors de l’atterrissage.
Jungfraujoch, 3450m, Chrigel va décoller.
Depuis j’ai déménagé dans les Alpes, la pratique du soaring y est plus délicate, ce n’est pas toujours facile de trouver une pente bien exposée au vent et qui ne soit pas dans les turbulences d’une brise ou d’une crête voisine. Et puis il y a beaucoup plus d’activité thermique ce qui permet de se faire plaisir mais dans un autre style de vol, avec plus d’espace. C’est entre décembre et janvier quand les thermiques se font rare que le soaring devient un bon moyen pour prendre de l’altitude et voler plus longtemps qu’une simple glissade vers le fond de vallée.
C’est l’objectif que nous avons eu avec Chrigel et Max au mois de janvier 2012. Décoller de la Jungfraujoch et voler en soaring sur les pentes de la Jungfrau. Ce jour là les conditions ont été optimum et nous avons eu la possibilité de réaliser un vol normalement réservé aux planeurs et aux avions plutôt qu’aux parapentes.
Le vent au décollage était bien de face à 30km/h. Quelques rafales sont passées générées par la cassure du plateau, mais en l’air à proximité de la pente, les ascendances étaient généreuses et avec très peu de turbulences. Au dessus de 3600m la couche d’ascendances dynamique était exceptionnellement épaisse. Prés de la pente la vitesse horizontale par rapport au sol diminuait en dessous de 10km/h et la vitesse verticale augmentait à plus 4m/s. En s’écartant de la pente même de plusieurs centaines de mètres il était encore possible de maintenir son taux de chute au dessus de zéro.
Voici quelques photos de ce vol de plus de deux heures entre les sommets de l’Eiger et de la Jungfrau.
Au pied du Moench, vue coté Sud du Jungfraujoch, départ du glacier d’Aletsch.
Le Moench, 4107m.
La Jungfrau, 4158m.
Max au dessus de la Jungfrau, avec le batiment du Sphinx en contre bas et ensuite le Moench.
Sommet de la Jungfrau et panorama sur les Alpes.
Photo prise au-dessus du Moench. En bas à gauche le bâtiment du Sphinx et le le plateau de la Jungfraujoch, au dessus la Jungfrau. Les nuages sont créés par les turbulences sous le vent du sommet.
Toujours la Jungfrau. Au fond le massif du Mont Blanc. Dans le bleu sous les cirrus, bien à droite et à une hauteur supérieure aux sommets un petit point noir de la taille d’une tête d’épingle, c’est Chrigel.
Face au vent, en bas le lac de Thun, après la mer de nuage sur l’horizon le Jura.
Un vol inoubliable mais engagé. Je retrouve les sensations de mes premiers vols en autonomie. C’est évident qu’à cette altitude et dans cet environnement il n’y a pas de place pour l’erreur; que ce soit au sol pendant la marche d’approche, ou pendant le vol par rapport à un changements de conditions météo, sur un incident de pilotage, ou une perte de lucidité du à l’hypoxie. Mais quel plaisir d’avoir la possibilité d’étendre son domaine de vol normalement si restreint en parapente.
La météo du jour:
Au sol un anticyclone est installé sur la France avec un maximum de 1038 Hpa entre la Bretagne et l’Alsace. En altitude de forte pression aussi avec 576 Gpdam sur la Suisse et une dorsale qui se prolonge vers l’Est. Le vent est de NW, 15 à 20 Nœuds entre 2500 et 6000m, donc peu de changements en direction et en force. Une bonne inversion jusqu’à 2000m puis une légère instabilité de 2500 à 7000m.
